« Mon Papa est décédé en novembre dernier pendant la 2ème vague. Avec ma Maman, on n’aurait jamais pensé que son enterrement allait être un casse-tête à préparer…
J’avais déjà assisté à des enterrements en temps normal avec l’accueil avant la cérémonie, un lieu souvent complet, la verrée et les échanges après, mais là, double peine, rien de tout ça.
Lors du rendez-vous avec les pompes funèbres, elles nous ont expliqué que le nombre de personnes pouvant être présentes dépendait de la taille du lieu avec le facteur 1,5 mètres de distance et que les personnes présentes devaient être exclusivement de la famille, voire même du premier cercle.
Au final, nous avons eu droit à 24 personnes maximum dans l’église et devions faire une liste d’invités. On se serait cru en train d’organiser une fête, mais sans petit four, ni animation. La liste des personnes pouvant potentiellement venir à l’enterrement était bien plus élevée que le nombre autorisé. Alors il a fallu les contacter une à une pour savoir si elles avaient prévu de venir. C’est délicat, car gênant pour certains de dire qu’ils ne viendront pas, peur du virus ou pas disponibles et également pour nous, il fallait expliquer à d’autres qu’elles seraient sur liste d’attente. Après 3 jours, on est laborieusement arrivée au nombre à ne pas dépasser.
Le jour de l’enterrement, devant l’église, il faisait froid, le chagrin était là, mais on ne pouvait pas se prendre dans les bras. Pendant la cérémonie, malgré les 24 personnes, les bancs avaient l’air vides, chacun devait être triste dans son coin. A la sortie, toujours pas possible d’avoir le câlin qui ferait tellement de bien, pas d’honneur, et pas de verrée non plus, car les restaurants étaient fermés et rien chez soi, car maximum 5 personnes ensemble. Alors c’est dehors, toujours dans le froid qu’on a échangé.
C’est difficile de se contenter de ce minimum, on a l’impression que l’hommage rendu a été bradé et pas à la hauteur de ce que notre proche décédé aurait mérité. Quant à la famille, elle doit trouver le réconfort autrement et avancer sur son chemin de deuil malgré tout. Dans notre cas, on le fera notamment au travers de la pierre tombale.
Avec ma Maman nous avons eu la chance de recevoir beaucoup de soutien et d’aide. Et ça, le Covid ne pourra pas nous l’enlever… »
Florence Hunacek, co-fondatrice de Maggy – La pierre tombale autrement